Pages

lundi 24 juin 2013

La cuillère qui n'existait pas

Je reprends ici le titre de Denis Cavallucci, qui a posté un billet sur ce sujet sur les principes inventifs de l'INSA Strasbourg dont j'ai déjà parlé ici.
Cela tombe bien, car, après avoir posté sur une cuillère idéalisée, me voici avec un autre exemple de résolution d'un problème très similaire.



 Ces deux exemples sont assez intéressants à comparer, et mettent en évidence la notion de "particularité" de chaque problème (un des trois postulats de TRIZ), mais aussi le fait que ces deux problèmes peuvent être traités de la même manière.
Cet exemple, met en évidence l'utilisation d'un des principes inventifs (self-service) et l'idéalité.
Lors de la définition du problème, on peut faire la liste des ressources. Une nouvelle ressource, par rapport à l'exemple précédent, est la présence d'une source de chaleur. Celle-ci provoque des courants de convection au sein du récipient. L'inventeur a utilisé ici cette ressource pour générer un meilleur brassage des aliments.

Ainsi, dans le premier exemple, c'est la main de l'utilisateur qui est utilisée comme ressource. Au lieu de remuer la cuillère, c'est la tasse qui est agitée, et la cuillère disparait.
Dans ce second exemple, c'est la chaleur qui est utilisée pour remplir le rôle de la cuillère.

Sur ces deux exemples, plusieurs éléments importants apparaissent dans la résolution du problème:
  • Il faut en premier lieu définir la contradiction: ici, elle pourrait s'écrire :
    • Il faut une cuillère pour remuer le liquide, 
    • Il ne faut pas de cuillère pour avoir un système simple.

  • Se fixer un objectif ambitieux: En l’occurrence, "la cuillère n'est pas là mais sa fonction est remplie", ce qui, en d'autres termes, signifie exprimer l'idéalité pour le problème posé: la cuillère idéale est la cuillère qui est absente alors que sa fonction est remplie.
La résolution est bien similaire pour les deux, et l'inventaire des ressources permet de déterminer l'axe de résolution choisi. Dans un cas, c'est un champ mécanique qui est utilisé (la main fait tourner la tasse) et dans le second cas c'est un champ thermique (la chaleur transmise par la cuisinière à la casserole).
En généralisant on utilise un champ ressource pour remplir la fonction de la cuillère.
A noter aussi: la similarité en terme de géométrie des deux solutions, et ceci s'explique aussi: dans les deux cas, un champ extérieur apporte l'énergie nécessaire pour mettre en mouvement le liquide.
Pour améliorer la conductibilité énergétique, l'objet doit s'adapter afin d'utiliser avec un maximum d'efficacité ce champ et les pales sont, dans les deux cas, le moyen trouvé pour effectuer un brassage efficace.
Un autre point portant sur l'universalité de ces deux objets: sur ces deux exemples, les objets ont évolué pour résoudre un problème bien particulier.
De façon normale, ces deux objets ont perdu un peu de leur universalité en se spécialisant fortement.
Il en résulte que d'autres paramètres, autres que celui qui s'est amélioré, se sont dégradés.
Il ne s'agit pas ici de juger d'une telle conséquence, mais juste de l'évoquer comme conséquence naturelle de cette spécialisation. La spécialisation force nécessairement à mieux satisfaire une fonction du produit au détriment d'autres. Dans les deux exemples cités, une des fonctions de la cuillère est de pouvoir goûter. Cette fonction n'est plus satisfaite dans ces deux versions.


Et en dernier lieu: sur la définition du système technique: la tasse + la cuillère, ou la casserole + la cuillère, constituent chacun l'objet technique étudié. C'est bien l'ensemble des deux objets qui est mis en œuvre dans la réalisation de la fonction "brasser le liquide". La décomposition de l'objet est bien fonctionnelle et non morphologique. Dans ce cas précis, la décomposition fonctionnelle fait apparaître deux objets distincts pour répondre à une fonction principale.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire