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mercredi 14 août 2013

Les freins à l'évolution

Pourquoi les choses ont du mal à évoluer?
Qu'est-ce qui fait que des situations perdurent alors qu'une évolution est à portée de main?


Les exemples ne sont pas rares, et méritent de s'y intéresser.

Pour reprendre l'exemple de la bicyclette, la vision analytique, à posteriori, de l'évolution de l'objet montre qu'il y a bien eu des freins à l'évolution. Le tout est de comprendre pourquoi de tels freins ont pu se mettre en place.

Pour décrire ces exemples de "continuités" (ou freins aux évolutions) , je reprends ci-dessous une caractérisation faite par De Bono:

  1. La négligence:

    La négligence peut se caractériser ainsi: La situation ne paraissant pas particulièrement problématique, on estime qu'il n'est pas nécessaire de se pencher sur le sujet. Pas conséquent, la nouveauté viendra par l'intermédiaire de celui qui remettra en cause l'existant. On vit ainsi avec des solutions imparfaites, mais jamais remises en cause tout simplement parce que personne n'a pris le temps de challenger l'existant avec quelque chose de nouveau.

    Cette catégorie est certainement la plus courante. Un système répond au besoin. On cesse alors de le remettre en cause et la solution perdure, malgré des possibilités d'évolution. La bicyclette est un bon exemple de ce type de frein.
  2. Le verrouillage:

    Des solutions ont été définies à une époque, pour répondre à des contraintes de l'environnement de cette époque. L'environnement évolue, mais les solutions ne sont pas remises en cause.
    Les "normes" font partie des éléments favorisant ce type de verrouillage. D'ailleurs, celles-ci évoluent sous la pression de systèmes qui sont  au départ "hors la loi". Ces évolutions transgressent les codes établis.

    L'exemple des normes met en évidence l'influence du super-système dans l'évolution du système. Ainsi, le système peut alors être limité dans son évolution par des contraintes au niveau du super-système, décrit dans le schéma multi-écrans.
  3. La présomption:

    La solution actuelle semble répondre parfaitement au besoin... ou presque.
    Et si des problèmes surviennent, on ne remet pas en cause la solution actuelle, mais on va chercher à côté d'elle des explications aux dysfonctionnements rencontrés.
    Dans ce cas, plutôt que de traiter le problème à sa source (le système) on va traiter tout ce qui l'entoure et qui pose problème au système en question.

    Je pense que l'on peut rapprocher ce phénomène de la dissonance cognitive, illustrée par exemple par la fable "le renard et les raisins" de Jean De La Fontaine.

    Contrairement à la négligence, qui a souvent lieu par simple manque d'intérêt, ou de gestion de priorités, cette catégorie tient plus de l'ancrage volontaire. On a conscience des problèmes, mais à aucun prix on veut les imputer au système. C'est le frein au changement qui est en œuvre.
  4. le séquencement temporel:

    Dans ce cas , l'explication peut se faire ainsi:
    Un nouveau système apparaît. Même s'il est en rupture avec tous les systèmes précédents, il en utilise des solutions "partielles". Ces solutions ne sont pas optimisées pour le nouveau système, mais permettent néanmoins de le rendre viable pour un temps.
    Par exemple, la draisienne est un nouveau système, mais, à sa création, elle utilise des roues de chariots classiques, et sa construction utilise les techniques de construction de ces mêmes chariots. La remise en cause de ces éléments se fera un peu plus tard. Le système contient un nouveau principe, mais soutenu avec des solutions reprises sur les anciens systèmes. Il lui reste à s'harmoniser.

    On peut voir, dans cette catégorie, l'importance le la prise en compte des sous-systèmes dans l'étude de l'évolution du système. Ce qui limite l'évolution d'un système est l'évolution de l'un de ses sous-systèmes.

Ce découpage des causes de freins à l'évolution en vaut d'autres. D'une façon plus générale, et quel que soit le modèle choisi, on peut traiter ce type de discontinuités en se posant les bonnes questions:
  • Est-ce que le système répond  correctement à sa fonction principale utile?
  • Dans le cas contraire, peut on identifier l'état de maturité du système?
  • Des évolutions sont elles possibles? 
  • Un autre modèle est il possible?
  • Est-il possible de lister les problèmes rencontrés et les besoins nouveaux à satisfaire par le système?
  • ...
Mais pour cela, il faut avoir décidé de se focaliser sur le système en question, en s'affranchissant des à priori le concernant. En utilisant les lois d'évolution et le schéma schéma multi-écrans, on peut alors objectivement évaluer le système, ses composants et son environnement et déterminer les éléments à faire évoluer.

Enfin, quelques petites phrases permettant de mettre à jour de tels exemples de continuité, et donc de pouvoir définir un espace de réflexion:

"C'est impossible."
"Si c'était faisable, quelqu'un l'aurait déjà fait."
"Cela fait 15 ans que l'on procède ainsi, et ça a toujours bien fonctionné."
....

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