Où l'évolution apparaîtra-telle ? Où a-t-elle le plus de chances de se développer?
L'exemple que je voudrais prendre est celui de fers de couvreur.
On a différentes versions de cet outil disponibles sur le marché. Si l'on se focalise sur le marché européen, on trouve bon nombre de produits, fonctionnant majoritairement à l'aide de GPL (Butane, propane, ...). De nombreux compétiteurs proposent ce type de produits, avec chacun leurs spécificités. Mais ils fonctionnent globalement sur le même principe.
La source d'énergie (le gaz) est soit embarquée dans l'appareil (l'appareil ci-dessus en est un exemple) soit fourni à partir d'une bouteille reliée au fer par un tuyau (comme ci-dessous)
Dans les deux exemples précédents, la chaleur est fournie à la panne au cours du travail, ce qui permet à l'utilisateur d'ajuster la puissance de chauffe en continu, en fonctions des conditions extérieures (température, vent) et du matériau à travailler.
Faisons maintenant un saut outre atlantique: On y trouve encore des fers que l'on chauffe à l'aide d'un brasero. Et les produits basés sur le modèle européen sont très avant-gardistes et ne font pas encore l'unanimité. Le modèle utilisé est du type décrit ci-dessous:
Le couvreur dispose de plusieurs fers qu'il met tour à tour sur un brasero pour les chauffer. Ainsi, pendant qu'il utilise un fer, un autre est en train de chauffer sur le brasero. Lorsque que le fer qu'il utilise n'est plus assez chaud, il le met à son tour sur le brasero et prend un fer préalablement chauffé. On voit bien, par rapport au fer avec brûleur incorporé, que le contrôle du travail est plus délicat, l'énergie contenue dans la panne variant continuellement au cours du travail. Un des moyens trouvé pour avoir un meilleur contrôle, en utilisant ce type de fer, est de rajouter le la masse. Bien sûr, cette action, ajoutant un meilleur contrôle de la température (celle-ci baisse moins vite qu'avec une faible masse) apporte un défaut majeur: le couvreur doit manipuler un fer lourd.
Pour expliquer cette différence d'usage, de nombreux facteurs sont en cause. Parmi eux, je pense que le modèle de formation, tel que pratiqué aux US, favorise la reconduction de pratiques anciennes (c'est le patron qui forme son apprenti avec ses outils).
On a donc affaire à un super-système favorisant les freins à l'évolution.
Rien ne s'oppose techniquement à la transition vers des produits beaucoup plus performants. Par contre, le poids des habitudes a, dans ce cas, engendré un retard à l'acceptation du produit par le marché.
Alors, oui, pour toute évolution de système, la question du "quand" de l'évolution est importante, mais aussi où cette évolution aura lieu. Le super-système (environnement, lois et réglementation, habitudes,...) a une influence souvent prépondérante sur l'acceptation du système.
Et puis, enfin, cette innovation "retardée", lorsqu'elle arrivera sur le marché en question, restera une innovation, indépendamment du fait que le produit existe depuis de nombreuses années sur d'autres marchés. Ce qui permet de dire cela est que l'écosystème à prendre en compte est le marché local, et l'analyse multi-écrans ne vaut que sur cet horizon. Il faut donc trouver la bonne "granulométrie" pour effectuer cette analyse.
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