A l'heure où les ressources décroissent et le savoir augmente, on n'a jamais été autant dans une démarche de biomimétisme. L'éco-conception en est une des facettes, qui va dans le sens d'une économie "écologique",bien que très incomplète. Et il y a aussi la frugalité.
La nature a su résoudre d'énormes problèmes. 3,7 Ga (Giga années) d'évolution donnent le temps de peaufiner des stratégies d'adaptation permettant de s'adapter à son milieu. Quelle base de données fantastiques pour nous, simples éléments de cette même nature.
Le parallèle entre la nature et la technologie est quelque chose qui me fascine au plus haut point.
Il y a d'une part la nature.
Toutes les formes de vie actuelles et passées sont issues d'évolutions des organismes vivants.
Chaque forme de vie répond, à un moment donné, aux contraintes de son environnement. Autrement dit, l'adaptation de chacune des formes de vie à son milieu a permis à celle-ci de survivre (ce qui est un besoin essentiel de chacune des formes de vie). Notons au passage que la survie de l'espèce ne doit pas être confondue avec la survie de l'individu, qui n'est qu'un échantillon statistiquement correspondant à son espèce, mais en aucun cas dépositaire de toutes les caractéristiques de cette dernière.
A contrario, ces évolutions, si elles sont efficaces dans des environnement stables, sont totalement inopérantes dans le cas de changements brutaux et rapides. On peut citer par exemple l'extinction massive des dodos, qui, se trouvant en contact de l'homme, ont été décimés en moins d'un siècle. Pour citer Wikipedia:
"les dodos ont évolué pour s'adapter à un écosystème insulaire sans prédateurs."
Il est clair que le dodo était absolument démuni face à l'arrivée des colons envahisseurs, n'ayant jamais eu à affronter ce type de situation.
Pour nous rapprocher de notre espèce, les amérindiens ont connu une aventure similaire, lorsqu'ils ont été mis en contact avec les conquistadors et leurs maladies. N'étant pas préparés à ces éléments pathogènes, les 9/10èmes de la population ont péri non pas sous les coups des conquistadors, mais de leurs maladies.
Ce que l'on constate avec ces exemples, c'est que la vie fait preuve d'une très forte capacité d'adaptation, mais, en cas de changement, les évolutions sont liées aux évolutions génétiques, qui, elles, prennent du temps. De plus, il n'existe pas d'intelligence menant à ces évolutions. Elles sont dues à des mutations génétiques aléatoires qui favorisent ou défavorisent tel ou tel représentant de l'espèce. Les individus les mieux adaptés augmentent leurs chances de survie, et, par là même, renforcent la probabilité que leurs gènes se transmettent aux générations futures.
Ces évolutions sont très lentes, et avant tout incrémentales au niveau de l'espèce, mais sur le long terme, ces petites évolutions ont conduit à la très grande diversité que l'on connaît aujourd'hui. Une crevette et un éléphant ne sont que des cousins éloignés...
L'aspect aléatoire de l'évolution de la nature est largement compensé par le temps qu'elle a eu à sa disposition.
Si l'on compare cela à la technologie humaine (en restant bien sûr très modeste par rapport à la nature):
- Chacun des objets de notre environnement répond à un besoin. Dans ce sens il résout un problème (et donc une contradiction). Par objet j'entends "objet d'étude", comprenant produit, service, processus...
- Ces objets évoluent pour s'adapter à leur milieu. L'exemple du couteau est assez emblématique pour le citer.
- Si le besoin de l'utilisateur évolue, l'objet, le service voit son usage disparaître ou décroître. Il est alors remplacé par un objet plus adapté à son besoin.
- L'évolution de ces objets n'est pas aléatoire, mais est issue d'un processus de création dirigé, volontaire. Ce point diffère fortement du processus naturel uniquement piloté par des évolutions génétiques.
- Au niveau de la rapidité des mutations: les évolutions technologiques se font à une vitesse bien plus grande que celles effectuées par la nature. De plus, on constate que les cycles de vie de chacune des générations des objets ont tendance à se raccourcir, augmentant la fréquence de renouvellement.
Force est de constater que la comparaison est très défavorable pour ce qui est de l'utilisation de ressources: toutes les activités humaines font appel à des ressources, certaines rares, d'autres plus répandues, mais cette approche conduit inévitablement à leur épuisement. De plus, la plupart des transformations font appel à des procédés complexes, énergivores, exigeant des températures ou des pressions élevées, alors que la nature innove dans des conditions économes et recyclables.
Alors, il nous reste du chemin pour nous rapprocher du modèle naturel d'innovation. L'essentiel est d'en avoir pris conscience, et d’œuvrer petit à petit pour y arriver. Remarquons que TRIZ, avec ses notions d'idéalité et d'utilisation de ressources (qui sont pas chères, largement disponibles), n'est pas du tout incompatible avec cette vision. Genrish Altshuller, dans son livre "The innovation algorithm" consacre un passage au modèle constitué par la nature. Cette dernière doit nous inspirer au quotidien pour élaborer des solutions plus respectueuses de notre environnement. Autant utiliser ce qui se fait de mieux des deux côtés.
J'en profite pour mettre un lien vers Ask Nature, un site qui permet de questionner une base de données sur les solutions employées dans la nature. Une bonne source d'inspiration.
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